Un matin comme les autres

Il y a des fois où je me dis que je n'aurais pas dû me lever. A peine réveillée, tout m'agresse. Facebook en premier. (Note pour plus tard - à résoudre : Pourquoi j'allume mon ordinateur aussi promptement chaque matin ?). Oui, ce cher facebook sur lequel je clique machinalement en sirotant ma tasse de café. Et l'immonde déballage commence...

Oui, à peine réveillée, j'ai droit à une vidéo mettant en scène la torture d'un chat ou d'un chien (excusez de l'approximation, mais vu ce qu'il reste de l'animal à la fin...). Loin de moi d'ignorer la monstruosité du genre humain ou bien le sort réservé à nos chers animaux. Simplement, il y a d'autres moyens de commencer une - bonne ? - journée. Et si seulement, cela s'arrêtait là. Mais non, j'ai aussi droit à l'étalage sans vergogne de la richesse des uns, qui côtoient la pauvreté des autres. On photographie son dernier bijou de technologie, sa dernière fringue, sa dernière auto, et on s'affiche, et on s'affiche. On s'affiche pendant que d'autres se dépatouillent au jour le jour. Les impôts, les retraites, et je passe bon nombre de sujets qui en froissent certaines et certains. Le hic, c'est qu'il y a toujours plus malheureux ou mal loti que soi. Alors je fronce les sourcils quand je vois un statut du style : "Encore célibataire... :-(", suivi d'une photo d'un petit africain, maigre comme un clou.

Je sais bien que ça existe depuis que le monde est monde, qu'il faudrait que je m'endurcisse, que je sois moins spontanée, moins sensible. Mais que voulez-vous... Même si Facebook n'est que le reflet de notre société (et de sa dérive), même si il offre parfois des bonnes nouvelles et des bons sentiments, je n'arrive pas à me faire aux images véhiculées pleine de violence, aux propos racistes et homophobes, au manque de respect et de sincérité, aux arnaques et aux faux profils, pièges à cons et pièges pour pédophiles... Non, je n'y arrive pas.

Il suffirait que je ferme Facebook me direz-vous, que j'aille m'enfermer dans une grotte pour pester seule dans mon coin. Mais je suis comme vous, je suis addict aux petites fenêtres et à cette merde qui consiste plus à nous en abreuver qu'à nous faire rêver. C'est peut-être la raison pour laquelle je continue obstinément à ouvrir mon ordinateur, à aller sur Facebook. Ou tout simplement suis-je une humaniste qui croit qu'un jour les choses changeront, que quelques mots sur un écran feront réfléchir certaines et certains... J'en vois déjà qui montent au créneau  et en font un outil de propagande ou de revendication. Est-ce là la seule vocation d'un outil qui se veut social ? Et moi qui pense faire quelque chose avec quelques mots bien placés... Quelle désillusion !

Je crois surtout que j'ai besoin d'amour, de poésie et de bons sentiments. Sans ignorer la dureté de ce monde. Je veux juste du soleil et des sourires. C'est égoïste ? Non, je crois que ça s'appelle des rêves ou des aspirations.

Alors, je vais faire un tri, dans ce que l'on me donne à voir. Je ne veux plus subir. Je ne garderais que le décent, l'argumenté, le vrai, le non déformé, le positif, le négatif à petites doses, parce que j'ai pas envie de me tirer une balle dans la tête.

Je n'ai de cesse de me dire que c'est le monde qui est ainsi. Mais n'oublions pas que c'est chacun d'entre nous qui faisons ce monde. Alors s'il vous plaît, parlez-moi mais sans heurter ma sensibilité avec des images chocs. Parlez-moi en argumentant et non en m'agressant. Parlez-moi d'amour, surtout, et de guerre si il faut. Mais parlez-moi simplement d'un monde où il fait bon vivre.

Dire parfois non à la morosité ambiante, ça fait aussi du bien pour affronter la dure réalité. Il n'y a rien de choquant à vouloir un peu d'oxygène et de bonheur. Alors je m'astreindrais à éteindre de temps en temps mon ordinateur et à fermer quelques fenêtres. Pour échapper à une certaine toxicité. Même si je sais que mon poste de télévision ou les journaux se chargeront de combler le vide... A croire que la tranquillité ne tient qu'à un interrupteur...