L'amie

Souvent à l'écoute, même de ce que tu ne dis pas ou n'oses dire, je suis parfois l'ombre d'un silence, la chaleur d'un sourire ou bien l'écho d'un fou rire...

Je ne leur ressemble pas, et les points communs que nous pouvons avoir ne feront jamais de moi celle que tu aimerais que je sois...

Je suis simplement moi, noyée au milieu des autres...

Je ne serai jamais l'amie idéale, car les idéaux sont autant de ronces qui égratignent et entravent nos âmes...

Je ne serai jamais ta meilleure amie. Je n'en ai pas la prétention. Tu n'en as pas vraiment l'utilité.

Je n'aurai à t'offrir que ce que j'ai de plus sûr... Mon oreille et mon épaule...

Je ne te demanderai rien en échange. Quand je donne, c'est sans idée de retour.Tu apprécieras ou tu douteras. Tu profiteras ou tu refuseras. Tu te lasseras ou tu resteras.

Sache simplement prendre sans m'offenser, comprendre sans me blesser.

Je ne te dirai jamais que tu es dans le juste, si selon moi, tu ne l'es pas. Je n'irai jamais dans ton sens pour te faire plaisir. Je n'irai que là où mon instinct et ma raison me guident. Mes mots seront durs s'ils doivent l'être, tendres s'ils doivent l'être, mais jamais méchants gratuitement.

Je ne serai pas "meilleure que", ou "mieux que".

Je serai juste moi, à fleur de peau. Une belle écorchée vive peut encore être capable d'écouter, de comprendre et d'aider. Une âme tiraillée ou tourmentée est aussi capable du don de soi. Peut être même est-elle enclin à plus d'altruisme que celles qui ne le sont pas.

Mes colères seront légendaires, parce que la vie me touche comme la pointe d'un couteau. En plein coeur. Et que les personnes qui s'éloignent de leur ligne de conduite ne font que remuer ce couteau dans la plaie. On ne choisit pas d'être entier. On l'est ou non. Aussi douloureux que ce soit.

Les amitiés ne se tissent pas parce qu'on a décidé qu'elles le soient. Elles sont comme des pousses, qui au gré du temps et de ses aléas, grandissent et se fortifient. Elles résistent au gel, au vent, à la pluie ou meurent en peine floraison. Le respect, la patience et l'apprentissage de l'autre resteront les meilleurs des terreaux.

Et si un jour, tu passes à côté de moi, sans me jeter un coup d'oeil, sache que je ne t'en voudrais pas.

Alors si un jour, tu oublies jusqu'à mon nom ou si tu l'effaces, sache que le tien restera à jamais graver dans ma peau, que ta main m'aie giflé ou consolé. Je n'oublie pas. Je n'oublie jamais. Je ne fais que taire.

Je tairai tout ce qui m'a fait mal : la trahison, le mensonge, l'envie, la bassesse, la fourberie, l'injustice, la jalousie... De tous les maux que tu auras semé ici ou là, je ne n'en relèverai aucun. Parce que mon amitié aura fané au gré de chaque pavé que tu auras jeté dans mon jardin. Je ne répondrai ni à tes coups ni à tes injures. Je n'en aurai pas le temps, ni l'envie.

Si tu peux passer à mes côtés sans me jeter un seul regard, sache que l'on peut également regarder dans les yeux sans donner à voir ce qui anime notre être. Je serai alors semblable à celle que tu es, par un effet miroir, et je deviendrais aussi lisse que ton reflet dans la glace. Je serai ce que tu as fait de moi... Une amie qui n'en est plus une... Un simple reflet...

J'aimerai parfois être cette amie, recherchée car précieuse. Parfois je m'en sens loin et parfois si proche. Entre la volonté de l'être et la peur d'en souffrir.

Parfois j'aimerai être cette amie. Sans le titre ni la couronne. Juste l'amie...